Récit épique d'un pélerin qui pique

Bonjour à tous,

Pour la première fois depuis mon départ, j'ai accès à un ordinateur! Je suis effectivement dans une bibliothèque, qui dispose d'un "cyber espace", avec accès libre mais limité dans le temps (c'est chacun son tour, comme à confesse !).

Je fais étape ce soir dans la charmante petite ville de Déols, banlieue de Châteauroux. Et charmante n'est pas un euphémisme. Au-delà du soleil resplendissant qui inonde les rues, les parcs et les jardins, ça sent bon la petite ville calme et dynamique, où il fait bon flâner dans les rues, en s'adonnant à la visite et un peu de shopping (pharmacie et ravitaillement obligent !).

Comment donc vous résumer dans le court laps de temps qui m'est imparti, ces quelques dernières semaines ?

Je poursuis ma route, m'enfonçant toujours un peu plus dans la France profonde, là où septante et nonante deviennent une aberration, où tous les pains sont français (coucou maman...) et où mon accent me trahit à chaque fois (sauf que ça, ça fait longtemps...). Déjà que j'avais fait le deuil du "oufti" depuis belle lurette, je me sens de plus en plus étranger en terre inconnue !

J'ai fait les comptes hier, j'en suis, aujourd'hui compris, à 841 km. Sans trop de dommage... Une phlyctène (Coucou mon Champion...pour les autres, je vous renvoie à vos dicos) à chaque talon, mais sans gravité, de ma faute en plus, suite à un excès de vitesse, pressé d'arriver chez mes hôtes du jour ! Et un oeil de perdrix qui, lui, par contre, me fait atrocement souffrir ! D'où ma visite à la pharmacie de ce jour, nettoyage complet de la plaie, désinfection et pansement occlusif pendant quelques jours... Ca devrait aller, m'a-t-on affirmé !

Depuis quelques jours, je profite d'un soleil implacable. A tel point que je découvre les joies du bronzage randonneur, qui s'apparente à s'y méprendre à celui du cycliste. Sauf que celui du pèlerin de Compostelle a ceci de particulier et propre à lui qu'allant toujours vers le sud/sud-ouest, je prends surtout du coté gauche ! Je vous laisse imaginer.. Ptdrrr!!

Les paysages se succèdent et se ressemblent, pour l'instant, malgré le passage de la Loire. Des champs de colza en fleur à perte de vue, quelques forêts, peu de relief.

J'ai traversé la Charité-sur-Loire avec émerveillement, découvert Bourges un peu moins magique à mes yeux, si ce n'est la majestueuse cathédrale. Je traverse moult villages, les gens viennent spontanément vers moi, me saluent, me souhaitent un bon chemin, m'interrogent sur ma provenance et mes motivations. L'impression d'être reconnu en tant que pèlerin, de faire partie d'un paysage multiséculaire.

On me demandait si j'avais trouvé ce que j'étais venu chercher.. Bien difficile de répondre, puisque je ne savais pas moi-même ce que je cherchais ! Mais j'ai trouvé ici la paix, la sérénité, le détachement, et beaucoup d'humanité... Et l'avenir est prometteur !

Je croise ça et là au gré des étapes quelques amis pèlerins. Je viens de passer 3 jours avec un parigot pure souche et un orléanais qui a bien roulé sa bosse à travers le monde. 3 jours à partager, rire, parler et cheminer ensemble. Je les ai laissé avant-hier, le premier s'étant blessé, le second ayant décidé de faire étape à Bourges. Le calme retrouvé, même si, je l'avoue, ils me manquent un peu...

Ce soir, comme déjà précisé, étape en gîte à Déols, après 2 jours de bivouac ! Il était temps, je commençais à sentir le fennec! Mais quel bonheur de se laisser porter par le Chemin et de m'arrêter quand bon me semble, pour parler, admirer, me reposer, ou planter ma tente...

Voilà, quelques idées un peu disparates jetées en vrac sur le clavier ! Je vais devoir passer la main à mon voisin qui trépigne d'impatience...

Désolé si la mise en forme et le fond sont un peu brouillons!

Mais je suis sûr que la Duchesse apportera plus de précision et de manière plus concise, dans un de ces excellents articles à venir...